Evaluation HCERES des départements et de l’établissement : quels enseignements ?
Afin de mieux préparer l’intégration dans l’Université Gustave Eiffel, les départements de l’Ifsttar et l’établissement ont pu bénéficier des évaluations HCERES en vague E. Elles ont été ainsi concomitantes avec celles des laboratoires de l’UPEM. Celles des départements se sont achevées en 2019 avec la réception des rapports d’évaluation écrits par les comités de visite.
L’évaluation de l’établissement s’est déroulée à l’automne 2019 avec la réception du rapport à la fin de cette même année. Tous les établissements de la future Université (EIVP, ESIEE Paris, ENSG, ENSAVT, UPEM, Ifsttar) ont été évalués en même temps, ce qui a engendré une grande complexité.
Quels enseignements généraux est-il possible de tirer de ces évaluations dans la perspective de l’Université Gustave Eiffel ? Force est de constater qu’elles demandent du temps et une intense mobilisation pour préparer et accueillir les comités d’évaluation. Elles valent autant et peut-être plus par la capacité des équipes scientifiques à faire elles-mêmes le point sur le bilan et les perspectives de leurs activités que par les évaluations où la partie scientifique est parfois réduite à la portion congrue. Néanmoins, les rapports d’évaluation disponibles en ligne, sur le site web de l’HCERES et de l’établissement, donnent une image très complète de la vie scientifique dans les départements et de l’établissement et dressent des perspectives pour les années à venir.
HCERES : Haut Conseil d’Évaluation de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur
Un bilan de l’évaluation pour les départements
Le comité de visite HCERES du département AME a confirmé la pertinence du département, « seule grande structure de recherche multidisciplinaire en France susceptible d’exercer un rôle fort d’outil d’aide à la décision », et a relevé un bon fonctionnement et une forte cohésion interne, favorisée par des actions d’animation scientifique fédératrices. Ont également été soulignées des publications d’un très bon niveau (pour lesquelles il faudra renforcer l’effort en matière de citation par la communauté internationale), de très bonnes relations avec le monde socio-économique et l’excellent niveau des équipements.
Le projet scientifique du département, articulé autour de trois axes (Mobilité et systèmes d’acteurs ; Mobilité et systèmes techniques ; Mobilité et écosystèmes) a été validé. Pour ce projet, le comité a pointé l’opportunité que peut apporter l’interdisciplinarité, tant dans les questionnements que les approches, tout en conservant une expertise technique forte dans chacun des domaines couverts par le département.
Parmi les recommandations du comité de visite et dans la perspective de la création de l’Université Gustave Eiffel, il faut retenir notamment une nécessaire poursuite de l’approche interdisciplinaire, d’autant plus nécessaire que les sujets se complexifient, et pour laquelle les efforts seront accentués ; une réflexion prospective permettant d’identifier et de relever des défis à la hauteur des enjeux actuels en matière de mobilité et transport ; une plus forte implication dans la formation doctorale, encore plus importante avec la création de l’Université Gustave Eiffel.
Enfin, une des recommandations du comité de visite portait également sur la nécessité d’assurer une stabilité du département AME, dans un contexte d’évolution institutionnelle et organisationnelle. Ce sera l’objectif principal des mois à venir. Une réflexion a d’ores et déjà été lancée fin 2019 au sein du département et de ses laboratoires sur la ou les formes possibles permettant de mettre en œuvre au mieux le projet scientifique du département et l’activité de recherche de ses laboratoires.
Le comité de visite a souligné de nombreux points très positifs qui portent sur l’essentiel de la politique mise en œuvre par le département depuis plusieurs années : positionnement, approches, ambition du projet, relations fortes avec les acteurs du monde socio-économique, action internationale. Le rapport renvoie une image très élogieuse et enthousiasmante de la science et de l’innovation menées au sein du département et insiste sur son rayonnement et son utilité. Il ne laisse aucun doute sur la qualité des réalisations et des liens avec l’environnement socio-économique. Cette évaluation répond à l’essentiel des questions que le département se posait en matière de qualité et d’orientations dont le bien-fondé s’en trouve ainsi renforcé.
La visite sur deux jours, conçue comme un congrès, a permis de présenter un ensemble cohérent et complet de résultats ainsi que des réalisations marquantes. Le matériau rassemblé à cette occasion a servi à plusieurs reprises depuis. Le département a renforcé l’animation scientifique des thématiques, en créant notamment pour chacune d’elles des journées dédiées mobilisant tout le personnel et incluant de façon systématique les collègues de l’Université Gustave Eiffel comme lors du séminaire du département ou du montage des projets FUTURE.
Le département COSYS a aussi introduit dans sa gouvernance un pilotage des activités par missions et défis dans l’esprit d'Horizon Europe, afin de focaliser des moyens sur un nombre très limité de sujets d’importance critique pour éclairer à terme la puissance publique sur les choix de société qu’elle devra faire. Le partage de l’intelligence entre infrastructure et véhicule, la validation de l’intelligence artificielle (IA) pour la mobilité automatisée, les routes de l’anthropocène ou le monitoring à travers les échelles du métabolisme territorial constituent de tels sujets au service de deux grands défis : faire des nouvelles mobilités des outils de neutralité carbone et garantir un air respirable sur les territoires.
L’évaluation HCERES s’est révélée globalement très positive. Le comité a notamment relevé l’effort de restructuration et de recentrage des activités de recherche du département. Cet effort a permis, dans un contexte de baisse importante des effectifs et du soutien de base, d’augmenter et de diversifier les ressources budgétaires ainsi que de relancer une politique d’investissement et de renouvellement des grands équipements. Originaux et de pointe, ces équipements scientifiques sont servis par des personnels techniques impliqués et compétents.
La production scientifique du département GERS a été en augmentation au cours de la période évaluée (452 articles dans des revues internationales pour 48 chercheurs qui publient sur cette période), avec de nombreuses publications dans des revues de premier plan. Les équipes ont participé à de nombreux projets compétitifs (ANR, FUI, européens…). Les efforts entrepris pour intégrer et animer des réseaux européens commencent à porter leurs fruits. Les travaux de recherche du département sont clairement positionnés sur des thématiques pouvant impacter l’économie et la société. Les interactions avec le monde socio-économique sont variées et fructueuses. Enfin, les agents du département participent activement à des expertises et des instances de normalisation et, d’une manière générale, les efforts de transmission des résultats de recherche auprès des professionnels, au travers des sociétés savantes et du grand public, ont été soulignés par le comité de visite. Cette partie de l’activité est jugée importante et doit être préservée à l’avenir.
Le projet du département, qui s’ancre dans la création de l’Université Gustave Eiffel, est jugé clair et réaliste. Le comité recommande en particulier de poursuivre l’effort d’augmentation des publications internationales avec une attention particulière à porter à la publication des doctorants. Le département doit aussi profiter des moyens de l’I-Site FUTURE pour consolider son rayonnement et ses coopérations internationales, en ayant une politique volontariste d’accueil de chercheurs étrangers et en incitant ses personnels à la mobilité. Une politique plus proactive doit aussi être mise en œuvre afin d’améliorer la valorisation scientifique au travers des brevets.
Pour conclure, le département GERS est apparu dans son périmètre comme une entité de recherche cohérente et pertinente. L’organisation du département assure un cadre de travail de qualité et des échanges entre les équipes réparties sur plusieurs sites. Des actions d’animation devront être conduites cependant pour renforcer le sentiment d’appartenance des agents au département et positionner les activités de GERS au sein du projet de l’Université Gustave Eiffel, tout en prenant soin d’entretenir et de développer les collaborations locales et régionales très fructueuses.
L’évaluation HCERES du département MAST a permis de consolider son projet scientifique autour de quatre thématiques : durabilité des matériaux de construction, maîtrise du vieillissement et des risques sur les ouvrages et les infrastructures, économie circulaire de la construction et innovations dans les infrastructures et les constructions. Le comité de visite a souligné la possible synergie des sujets liés aux constructions en ville et aux infrastructures urbaines de transport et de réseaux. Il a conforté le département dans sa volonté de maintenir un socle de compétences et de recherches au niveau actuel pour maîtriser la durabilité et le vieillissement des infrastructures, en renforçant encore sa pertinence et son efficacité au service des maîtres d’ouvrages publics. Le comité a également recommandé de faire monter en puissance la reconnaissance académique et internationale de la thématique de l’économie circulaire.
Le département a pu réaffirmer sa stratégie en termes d’équilibre des activités et a été encouragé à maintenir un positionnement original, à l’interface entre le monde académique et le monde industriel, par des travaux s’appuyant sur ses grands équipements de recherche expérimentale et par une implication notable (environ 10 % des temps passés) dans l’expertise, la certification et la normalisation. Le département MAST appuiera donc, dans le cadre de l’Université Gustave Eiffel, la reconnaissance de ces activités comme une partie intégrante de celles devant faire l’objet d’une reconnaissance académique. Les modalités d’écoute des bénéficiaires et de relations partenariales seront actualisées dans ce nouveau contexte afin d’orienter et de financer efficacement les travaux de recherche appliquée et d’expertise.
Enfin, le département a retenu avec attention la recommandation de faire de la création de l’Université Gustave Eiffel une opportunité plutôt qu’une menace. À cet égard, il prévoit d’actualiser l’équilibre de l’organisation entre structuration hiérarchique et animation par les projets scientifiques afin de favoriser les synergies, tout en restant vigilant quant à l’efficacité opérationnelle dans un contexte organisationnel et de délégation des moyens encore en construction. Le département MAST a été encouragé à maintenir ses forces en matière d’équipements lourds et de savoir-faire du personnel support à la recherche. Il a pris note à cet égard de l’incitation à viser une efficacité accrue des méthodes de gestion des grands équipements de recherche expérimentale. Le département a enfin noté l’appréciation positive des séminaires internes qu’il organise, pour lesquels doit être maintenue une dynamique de renouvellement continu afin qu’ils soutiennent la synergie scientifique des travaux et le lien entre les sites.
Le comité de visite HCERES a confirmé le rôle transversal et incitatif du département TS2 qui porte « une vision collective et une identité scientifique claire », permet « la fertilisation croisée de projets interdisciplinaires entre ses laboratoires » et accroît « leur visibilité aux échelles internationale et nationale aussi bien sur le plan de la recherche que celui de l’expertise et de l’aide à la décision ». Concernant le projet du département, le comité de visite a estimé que les perspectives scientifiques envisagées autour des cinq axes (l'automatisation de la conduite, nouvelles questions de sécurité routière et d'acceptabilité ; des questions de sécurité routière renouvelées ; mobilité et santé pour tous ; modéliser l'humain ; conception, développement et exploitation de bases de données numériques) correspondent bien à des questions sociétales majeures, qu’elles sont cohérentes, pertinentes et réalisables, ce qui devrait permettre au département TS2 de conforter son positionnement international. Le comité a également souligné la nécessité, encore plus forte dans une entité interdisciplinaire, pour chaque chercheur et collectif de recherche, de cultiver son ancrage académique propre.
Parmi les recommandations formulées par le comité de visite, et afin de conforter une dimension Transport, santé, sécurité au sein de l’Université Gustave Eiffel, plusieurs points sont à retenir : poursuivre et consolider la politique du département sur le renforcement des associations avec les universités partenaires, notamment par la création d'Unité Mixte de Recherche (UMR) ; accroître l'effort fait sur les thèses Cifre tant avec l'industrie qu'avec les collectivités locales ; mieux valoriser, notamment sur les sites internet, les équipements remarquables (moyens d'essais et bases de données).
Pour le comité de visite, une structure telle que le département TS2 doit être maintenue au sein de l’Université Gustave Eiffel, au moins dans son esprit, afin de permettre aux chercheurs de continuer à cultiver une synergie et une structuration efficientes. C’est tout l’enjeu du projet d’institut « transport, santé, sécurité, risques » en cours d’élaboration au sein du département. Il vise à la fois à assurer cette continuation et à en étendre le périmètre à d’autres laboratoires et équipes de l’Université Gustave Eiffel.
Evaluation de l’établissement : consolider les rapprochements académiques
Dans le cadre de l’évaluation de l’établissement, l’Ifsttar a réalisé l’exercice difficile de présenter ce qu’il considérait être ses points forts mais aussi des pistes de progrès dans sa propre organisation, sans toutefois négliger de tracer de premières pistes de développement dans la nouvelle université. Sur ces bases, le rapport remis par les évaluateurs apporte quelques éléments importants. Il conforte un certain nombre des choix stratégiques, en particulier l’importance de consolider les rapprochements académiques par exemple sous la forme d’UMR, la responsabilité qu’a l’Ifsttar de contribuer à l’animation de la vie scientifique en France sur les thèmes liés à la ville et à la mobilité, et le maintien de la réputation internationale de l’Institut.
Les évaluateurs ont relevé quelques points d’attention et formulé quelques recommandations qui seront précieuses pour la future Université Gustave Eiffel : veiller à accompagner les personnels dans cette création, conforter la stratégie à l’international, construire une politique globale autour des équipements scientifiques, préserver le très bon ratio « personnels administratifs, ingénieurs et techniciens rapporté au nombre de chercheurs » qui constituera un atout pour la future université. Certaines propositions et remarques secondaires permettent néanmoins d'affirmer des principes qui semblent essentiels : ne pas modifier le modèle économique en recrutant des personnels permanents sur contrats, veiller à la qualité des débouchés des docteurs diplômés et à l'adéquation des moyens de recherche à adopter pour répondre aux partenaires, et enfin continuer à voir les activités d'appui aux politiques publiques comme étant compatibles avec des activités de recherche de qualité, participant à leur orientation pertinente, à leur valorisation et à l'entretien de la relation avec leurs bénéficiaires./typo3/