Progresser dans les systèmes et services pour une mobilité multimodale, intelligente, propre et sans couture

Les plateformes de simulation permettent le prototypage et l’évaluation de systèmes. Avec l’augmentation de l’usage des deux-roues, l’Ifsttar a développé un simulateur vélo et l’a doté de nouvelles fonctionnalités et capteurs. La mise en œuvre d’une approche systémique virtuelle de la mobilité cycliste dans les conditions les plus réalistes possibles permet d’anticiper des scénarios futurs des déplacements et d’aborder l’étude de différentes problématiques.

La voiture connectée, la voiture à délégation de conduite et la voiture partagée bouleversent les représentations traditionnelles de la mobilité automobile. Certaines recherches menées en 2019 ont étudié l’action et la réponse de l’homme dans son interaction avec ces nouveaux environnements, ainsi que son aptitude à les utiliser. Un travail de conception d’une interface homme-machine a été proposé ainsi qu’une réflexion prospective sur la robomobilité.

Étudier le comportement des cyclistes et évaluer les innovations en réalité virtuelle

L’Ifsttar s’est doté d’un simulateur vélo en complément de ses autres simulateurs immersifs afin d’étudier le comportement des cyclistes et d’évaluer des dispositifs d’aide aux déplacements. Il a été utilisé dans plusieurs projets dont deux terminés en 2019.

Construit en 2013-2014 dans le cadre d’un financement incitatif de la direction scientifique et en partenariat avec le Laboratoire de psychologie et d'ergonomie appliquées (LaPEA), le simulateur vélo de l’Ifsttar a été le sixième dédié à la recherche au niveau mondial. Il a été perfectionné les années suivantes, notamment dans le cadre du projet Vibrasimu (2017-2019) en partenariat avec le laboratoire  Environnement-Aménagement, Sécurité et Eco-conception (EASE). Le simulateur dispose aujourd’hui de deux systèmes de retour d’effort, de la production d’un flux d’air en fonction de la vitesse et est le seul simulateur de ce type au plan international à reproduire les vibrations liées aux irrégularités de la chaussée.

Cinq expérimentations ont été menées sur le simulateur depuis sa création. L’une a par exemple été conduite dans le cadre du projet ANR CYCLOPE (2016-2019) qui portait sur le développement et l’évaluation d’un dispositif d’alerte innovant et à faible coût à l’attention des cyclistes face aux interactions avec les bus. Deux autres expériences ont été menées dans le cadre d’une thèse financée par le projet européen Marie Curie SaferUp. L’objectif est d’étudier les effets des caractéristiques de la chaussée (géométrie, adhérence) sur la sécurité des cyclistes.

Le simulateur vélo est enfin l’un des neuf simulateurs immersifs de déplacement qui composent l’équipement géré par l’équipe SimTeam du laboratoire PICS-L. Un comité de pilotage et une feuille de route ont été créés autour de cet équipement pour répondre au mieux aux besoins des utilisateurs rattachés à cinq laboratoires de l'Ifsttar.


Le simulateur vélo et ses principales fonctionnalités © Stéphane Caro - Ifsttar

Conception et développement de systèmes d’assistance à la conduite

Le projet ADAS&ME est centré sur la conception et le développement de systèmes d’assistance à la conduite avancés (reposant, le cas échéant, sur l’automatisation partielle ou totale de la conduite) pour quatre types de véhicules différents : automobile, camion, bus et moto. L’enjeu est de concevoir des fonctions de monitoring en temps réel du conducteur (pour parties communes et transversales), qu’il s’agisse d’appréhender son état physiologique (fatigue ou « coup de chaleur » pour les motards), sa distraction (visuelle et cognitive), son niveau de stress ou ses ressentis émotionnels (anxiété, joie, colère ou peur).

Dans le cadre du projet, l’équipe de recherche de l’Ifsttar a été plus spécifiquement impliquée dans deux activités complémentaires :

  • La mise en place d’une étude pré-pilote visant à recueillir des données empiriques pour le développement de fonctions de monitoring;
  • La participation à l’enquête d’évaluation de l’acceptabilité et des besoins des utilisateurs.

Dans le cadre de l’approche européenne transculturelle menée dans ce projet, ce travail a donné lieu à la conception, la dissémination et le traitement de l’enquête pour la partie française. Une proposition de spécifications d’interface homme-machine (IHM) pour les bus ayant un accostage automatisé a été formulée, assortie de recommandations ergonomiques.

Proposition d’une interface homme-machine (IHM) pour un bus ayant un accostage automatisé © ADAS&ME

Imaginer l’humain pour anticiper la robomobilité

Ce travail de recherche prospective permet d’anticiper une société et des modes de vie caractérisés par une offre globale de transports autonomes, en apportant des éléments de réflexion et de débat auprès des pouvoirs publics comme des citoyens.comme des citoyens.

Dans les années à venir, les véhicules terrestres seront de plus en plus automatisés, que ce soit en transport public, transport de marchandises ou véhicule individuel. C’est le terme "robomobilité" qui désigne ce changement de paradigme qui va bouleverser la société. Afin d’imaginer les impacts d’une telle disruption, une démarche d’atelier prospectif « la vie robomobile » a été initiée par le ministère de la Transition écologique et Solidaire.

Dans ce cadre, le laboratoire ESTAS (Évaluation des Systèmes de Transports Automatisés et de leur Sécurité ; département COSYS) et le laboratoire LBMC (Laboratoire de Biomécanique et Mécanique des Chocs ; département TS2) ont proposé d’imaginer l’humain dans ce nouvel environnement, en collaboration avec l’agence WT2I. Un travail de créativité a ainsi été mené à partir d’un nouvel objet de mobilité hybride mixant le cheval, premier vecteur historique des déplacements humains, et le VAL, le métro automatique lillois. C’est donc ce « ch’VAL » qui a été mis en scène et qui a permis d’imaginer ses différents lieux de vie : MEDIACITY, une ville contrôlée par le numérique, AUTARCITY, une ville éphémère en marge des mégalopoles, rebelle et « sous les radars », et TRANSCITY, un territoire de fin du monde où règnent la collapsologie et le transhumanisme.

Ce projet de recherche à caractère très prospectif a pour objectif d’apporter des éléments d’analyse et de réflexion aux pouvoirs publics vis-à-vis d’évolutions technologiques acceptables et d’une société vivable qui reste à construire. Seul un scénario reprenant le meilleur de chacun paraît souhaitable pour notre planète.

Le "ch’VAL" dans la ville numérique © Agence What time is I.T