Renforcer la sécurité et l’ergonomie des déplacements, pour une mobilité sereine et respectueuse de la vie humaine

La mobilité est en constante évolution, entraînant des conséquences sur la sécurité et l’ergonomie des déplacements. De nouvelles sources de progrès en matière de réduction de l’accidentalité des transports ont été mises en évidence en tenant compte de l’évolution des pratiques de mobilité.
Concernant la sécurité des deux-roues motorisés, des travaux ont été menés pour pousser les modélisations des phénomènes humains. Un modèle et un outil d’évaluation des comportements et des risques lésionnels pour les motards ont été développés et validés par la confrontation avec des données réelles. Ceci a permis d’enrichir la compréhension amont et aval de l’accident. À partir de l’étude des comportements des motards et de leur accidentologie, des connaissances nouvelles ont été partagées et des systèmes de prévention et de protection innovants ont été imaginés.

Risques liés aux nouvelles mobilités

Les politiques urbaines de mobilité durable, légitimes au regard de la nécessaire transition écologique, induisent de nouveaux dysfonctionnements et des risques peu questionnés. Ils sont liés à de nouvelles formes d'aménagement, au développement de nouveaux usages et au traitement spatialement sélectif des espaces. Le projet RED visait à produire des connaissances sur ces risques et à repérer les freins organisationnels et politiques nuisant à leur prise en compte dans la gestion territoriale.

Les travaux montrent la persistance du système automobile malgré les mesures de mobilité durable. Les aménagements semblent souvent privilégier l'amélioration du cadre de vie et l'attractivité économique.

Les espaces aménagés pour les transports publics en site propre induisent de nouvelles formes d'accident. Néanmoins, dans les rues traversées par le tramway, le nombre d'accidents diminue du fait notamment de la baisse du trafic automobile. Mais aucune amélioration n'est constatée à l'échelle des agglomérations.

Favorisé par la diminution de la place de l'automobile, le développement des deux-roues motorisés représente une évolution plutôt défavorable sur le plan de la sécurité.

Les analyses d'ergonomie spatiale montrent que les caractéristiques socio-spatiales du lieu de résidence conditionnent fortement l'accès aux ressources et la possibilité pour les habitants de changer leurs modes de déplacement.

 

Ce projet, financé par l'ANR et piloté par le laboratoire LIEU d'Aix-Marseille Université a réuni de 2014 à 2019 des équipes de l'Ifsttar (Laboratoire Mécanismes d’accidents (LMA) du département TS2) et des Universités de Strasbourg et Caen. Il donnera lieu en 2020 à la publication d'un ouvrage.


Logo du projet RED © F. Hernandez, B. Romeyer

La vulnérabilité du passager d’un deux- roues motorisés (2RM)

Il est aujourd’hui admis que l’exposition aux risques pour les utilisateurs de deux-roues motorisé est extrêmement élevée par rapport à d'autres types d'usagers de la route. Les études épidémiologiques et accidentologiques conduites jusqu’ici dans ce domaine se focalisent essentiellement sur l’usager conducteur du 2RM. C’est le cas également pour les aspects normatifs et pour le développement technologique des équipements de protection.

Une première étude numérique paramétrique conduite au LBA (Laboratoire de Biomécanique Appliquée – UMR Ifsttar/Aix-Marseille Université) sur les cinématiques du conducteur et du passager, pour le scénario de choc le plus observé, a fourni des résultats très surprenants. Après avoir évalué l’efficience du modèle, à partir des données de la littérature, il a été observé que le conducteur contribue à augmenter la distance de projection du passager, en se comportant comme une rampe de lancement. Les vitesses d’impact de la tête contre le sol sont en moyenne plus importantes pour le passager que pour le conducteur. La cinématique du conducteur est également modifiée par la présence d’un passager. Ces résultats posent de nombreuses questions : pour une même situation d’accident, quelle sera la différence d’exposition aux risques lésionnels entre conducteur et passager, ou encore vis-à-vis d’un conducteur seul ? Quelle efficience des dispositifs de protection pour le cas du passager ? Quelle influence du véhicule et de la posture des occupants sur l’exposition aux risquex ?

Des essais pleine échelle ont été proposés. Ils ont permis de déterminer la cinématique d’un conducteur et de son passager lors d’un choc moto. De même, les niveaux d’accélération subis par le passager ont pu être estimés.


Cinématique de deux occupants d'un deux-roues motorisé en choc frontal © Catherine Masson - Ifsttar

Connaissances scientifiques pour les motocycles (COSMOS)

Devant l’enjeu que représente l'accidentalité du deux-roues motorisés dans la sécurité routière, le projet COSMOS avait pour objectif de fédérer et d’animer la diffusion de connaissances scientifiques et techniques sur toutes les problématiques afférentes aux deux-roues motorisé et à leur sécurité. Ce projet a été co-porté par le laboratoire TS2/LMA (Laboratoire Mécanismes d'Accidents) de l'Ifsttar et le Cerema avec le soutien de la DSR (Délégation à la sécurité routière) à des fins d’appui aux politiques publiques.

Cinq séminaires pluridisciplinaires ont été organisés depuis 2016 à Paris (juin 2016 et mars 2018), Lyon (novembre 2016), Marne-la-Vallée (octobre 2017) et Aix-en-Provence (novembre 2018). Ils ont permis d’exposer différents travaux en cours ou finalisés. Ces événements ont été des lieux d’échanges entre les différents intervenants et d’expression des besoins de recherches par des experts. Un colloque final a rassemblé plus de 110 participants les 4 et 5 novembre 2019 à Marne-la-Vallée. Ce colloque francophone, clôturé par Manuelle Salathé de la DSR, a permis de présenter vingt communications orales et dix communications affichées par des chercheurs, industriels, assureurs, experts, collectivités territoriales ou ministères sur des thématiques variées telles que l'accidentologie, les équipements de protection, la formation, la perception, les politiques de sécurité, l'usage des infrastructures, les véhicules, le comportement des usagers, etc. Ce colloque donnera lieu à la publication d’actes en 2020.


Le colloque COSMOS ©Thierry Serre - Ifsttar