Comprendre, évaluer et améliorer les effets sur l’environnement et les populations

Les activités humaines de transport ou de production d’énergie ont un impact sur l’environnement et les populations qu’il convient d’évaluer dans un premier temps. L’Ifsttar travaille sur les différentes natures de ces pollutions, qu’il s’agisse de la pollution des milieux aquatiques par le césium et le mercure (projet Continuum de la Loire) ou de la pollution sonore au voisinage d’éoliennes (projet Cibelius). Dans les deux cas, il s’agit d’évaluer l’exposition des populations. Cette évaluation exige d’une part de mettre en œuvre des capteurs et métrologies complexes pour une caractérisation physique et, d’autre part, de prendre en compte le ressenti humain dans le cas du bruit ou d’impliquer les populations à travers une démarche participative dans le cas de la pollution au mercure.

Les dépendances vertes jouent un rôle important pour limiter l’impact des infrastructures de transport linéaires sur la biodiversité. Leur gestion et leur entretien est complexe du fait du grand nombre d’acteurs locaux concernés et de la multiplicité des facteurs en jeu, qu’ils soient juridiques, techniques, économiques, sociaux ou écologiques. L’Ifsttar contribue à analyser cette complexité et à proposer des solutions pour accroître l’efficacité des partenariats de gestion (projet Gedev).

Projet DGT-DET Continuum de la Loire - Développement de capteurs passifs pour la compréhension de la mobilité du césium (Cs) et du mercure (Hg)

Le projet financé par l’Observatoire des Sciences de l’Univers de Nantes (OSUNA) et réalisé en partenariat avec l’Université d'Angers (LPG-BIAF), l’IMT Atlantique (Subatech) et l’IRSN (LSE et LER-Nord), avait pour ambition d’élaborer des outils d’étude de la distribution spatiale et de la mobilité environnementale de deux éléments chimiques : le césium (Cs) et le mercure (Hg). Ces éléments à forte toxicité sont principalement liés aux activités humaines, le premier provenant de retombées et rejets liés aux activités nucléaires, le second d’émissions industrielles (incinérateurs, centrales au charbon, raffineries, cimenteries) et diffuses (transport, chauffage, appareils électriques et électroniques).

Les recherches ont permis d’élaborer un jeu d’outils fonctionnels pour l’étude de la dynamique environnementale des formes mobiles de Cs et du Hg : des dispositifs d’équilibration [DET] et de gradient de diffusion en couche mince [DGT] basés sur le mécanisme de diffusion des polluants. Les travaux ont permis de tester ces capteurs en laboratoire puis en conditions réelles. Les résultats ont montré que ces capteurs rendent compte de la biodisponibilité du Hg dans les sols/sédiments ainsi que des niveaux plafond de Cs dans les eaux. En pratique, les dispositifs DGT et DET ont été testés le long du continuum de la Loire depuis les zones de lessivage jusqu’aux dépôts estuariens ou côtiers. Finalement, une approche participative a été initiée pour évaluer les niveaux de pollution en Hg dans l’air intérieur d’habitations de la région nantaise.

Mesure de mercure élémentaire dans l’air intérieur et extérieur – Application au continuum de la Loire
© Bogdan Muresan - Ifsttar

Projet CIBELIUS

Les lignes directrices de l’OMS relatives au bruit environnemental soulignent que les preuves concernant les effets sur la santé du bruit émis par les éoliennes sont soit inexistantes soit de faible qualité. Dans ce contexte, une étude de faisabilité d’une étude épidémiologique appelée Cibélius (Connaître l'Impact du Bruit des ÉoLIennes sUr la Santé, 2017-2019) a été conduite en France. Cette étude, financée par l’Anses a été coordonnée par l’Umrestte (Unité Mixte de Recherche et de Surveillance Transport Travail Environnement, Ifsttar/Université Claude Bernard Lyon 1) et menée en collaboration avec DCM et l’Umrae (Unité Mixte de Recherche en Acoustique Environnementale Cerema/Ifsttar). L’objectif était de proposer une méthodologie de calcul du bruit éolien pour recenser le nombre de riverains exposés à différents niveaux de bruit d’éoliennes. Le modèle Harmonoise a finalement été retenu à partir d’une revue de la littérature. Globalement, les niveaux relevés pour la contribution d’un parc éolien varient de 35 dB(A) à 45 dB(A) pour des distances de 500m à 1 500m, selon les conditions météorologiques. Ils sont assez modérés comparativement à d’autres sources de bruit (transports par exemple) et le nombre total de personnes exposées est très faible : environ 0,4% et 0,5% de la population française de 2017. Près de 85% de la population exposée au bruit éolien l’est à des niveaux inférieurs à 40 dB(A), de jour comme de nuit. Ces résultats constituent la toute première évaluation de l’exposition des populations au bruit produit par des éoliennes en France métropolitaine.

Éoliennes et microphone © D. Ecotière
Niveaux de bruit d’éoliennes © Cerema, UMRAE

Projet GEDEV sur la Gestion partenariale des dépendances vertes : étude de faisabilité

Le projet GEDEV piloté par l’INRAE s’est fixé pour objectif d’apprécier les possibilités d’intervention des acteurs locaux dans les Dépendances Vertes (DV). Outre les facteurs déterminants de nature juridique découlant de la vocation des infrastructures et des attributions réglementaires de leurs gestionnaires, des facteurs de nature sociale, économique, écologique et/ou technique ont été identifiés, qu’ils soient pris en compte de manière explicite dans les conventions étudiées, qu’ils ressortent de manques vécus par les acteurs, ou qu’ils ressortent de difficultés plus globales liées au contexte général. Des propositions sont formulées pour répondre à certains de ces problèmes et contribuer à une efficacité accrue de futurs partenariats de gestion concernant les usages observés. Elles portent sur la négociation et la formalisation de points particuliers entre les acteurs lors de l’élaboration des accords de partenariat. Elles s’intéressent également aux clauses pouvant être insérées dans tous les accords de partenariat, sans se limiter aux seuls usages rencontrés dans ce projet. Enfin, elles développent des mesures qui contribueraient d’une part à créer un cadre général plus propice pour l’extension des pâturages le long des canaux et, d’autre part, une meilleure reconnaissance de l’intérêt écologique de certains modes d’entretien alternatifs des DV. Il s’agit ainsi d’éléments modulaires pouvant être pris en compte (ou non) par les acteurs en fonction des infrastructures linéaires de transport concernées et des contextes locaux.

Entretien des bords du canal de navigation de Roanne à Digoin par le pâturage itinérant d’un troupeau de moutons © Claire Etrillard - INRAE